Se protéger du soleil, un véritable enjeu de société

Aux inspyrées, nous sommes motivé.e.s par nos recherches et réflexions sur des pratiques d’hygiène ou cosmétiques les moins polluantes et les moins énergivores possibles, et préservant le vivant sur terre.

La question du soleil fait partie des sujets importants et complexes de notre société.

Nous recevons beaucoup de demandes concernant l’utilisation de la crème solaire, alors aujourd’hui nous faisons le point et vous partageons nos conseils en matière de protection solaire, avec ou sans crème !

Un peu de contexte

Le soleil, un allié ambivalent

Le soleil est un allié de notre organisme. Il est précieux pour notre moral et les UV-B permettent de synthétiser la vitamine D, capitale pour le fonctionnement de nos organismes dont notre squelette, nos muscles, notre résistance1

Mais le soleil, et particulièrement les UV, sont aussi responsables de l’accélération du vieillissement de nos cellules2. Perte d’élasticité, rides et tâches brunes sont liées à l’exposition au soleil. Notre système immunitaire peut également être impacté. Ce qui, paradoxalement peut faire du bien à celleux qui sont sujet.te.s à des affections auto-immunes telles que le psoriasis. De la même manière, l’exposition excessive à ces même UV est un facteur aggravant dans la survenue des cancers de la peau3.

Les différentes peaux face au soleil

Les peaux réagissent de façon très inégale face au soleil : les peaux blanches ou de personnes rousses réagissent naturellement moins bien que les peaux mates, qui produisent beaucoup de mélanine foncée.
Les peaux blanches produisent un autre type de mélanine, jaune-orange, qui protège moins4. Elles ont besoin de s’exposer au soleil pour la produire, alors que les peaux mates ou noires peuvent en produire continuellement.

Tout le monde ne peut pas recevoir la même quantité de soleil sans répercussion.

Nos conseils pour protéger notre peau du soleil

Phase 1 : Rester à l’intérieur ou à l’ombre aux heures les plus chaudes

La meilleure protection est tout simplement d’empêcher le soleil d’atteindre notre peau.

En milieu de journée, avec la latitude et leur orientation, les rayons solaires sont les plus puissants.

Au début du printemps et à l’automne, il faut donc éviter de s’exposer entre 11 heures et 15 heures.
Dès la fin du printemps, en été et jusqu’à l’automne, nous conseillons d’éviter une exposition supérieure à quelques minutes entre 10 heures et 17 heures, voire 18 heures.

Phase 2 : S’exposer un petit peu, en début de saison et aux bonnes heures

Vivre en ville et s’exposer soudainement lors d’un voyage est une très mauvaise idée.

En exposant notre peau progressivement aux rayons du soleil, notre peau lance ses propres mécanismes de protection et notamment la production de mélanine. Les peaux blanches ont besoin du soleil pour en produire alors que les peaux noires et mates en produisent de façon permanente. 

→ En m’exposant 15 minutes à heures choisies, c’est-à-dire le matin avant 10 heures ou le soir après 18h, j’habitue la peau au soleil et lui permet de produire un peu de mélanine progressivement.

Cela permet d’obtenir un petit hâle légèrement protecteur.

Phase 3 : Se protéger physiquement du soleil avec des vêtements adaptés

Conseiller de rester à l’intérieur ou de s’habiller, cela peut paraître incongru, voire archaïque. Pourtant, rester à l’ombre ou à l’intérieur en pleine journée est cependant une excellente solution. Nous disons souvent que les ombrelles devraient être remises au goût du jour !

→ Si je dois sortir, je privilégie les grands chapeaux ou les casquettes à longues et grandes visières. Les vêtements couvrants mais agréables à porter, comme par exemple de belles chemises en lin, coton ou chanvre, à manches longues, sont à privilégier.

L’intérêt de ces protections est que l’on reçoit des rayons indirects. Au fil des jours, cela permet de stimuler la production de mélanine et de créer un léger hâle qui participe à une protection naturelle. Avec 20 minutes d’exposition par jour, je suis suffisamment exposé.e pour synthétiser la vitamine D5.

La latitude et l’orientation des rayons du soleil sont des facteurs sur lesquels nous avons peu de prise. Mais il est bon de retenir que plus nous allons vers l’équateur, plus nous devons nous protéger.

C’est la même chose lorsque nous montons en altitude : les rayons du soleil ayant moins d’atmosphère à traverser, la quantité d’UV augmente d’environ 10% tous les 1000m6. En outre, la neige, avec un coefficient de réverbération de presque 75%, fait qu’un chapeau ne suffit pas pour nous protéger.

C’est l’une des situations, avec les pratiques aquatiques, où la crème solaire, avec les masques de protection, est l’un des seuls moyens de se protéger.

Phase 4 : Adopter un rythme adapté à la puissance des rayons solaires

Nous devons impérativement adopter notre rythme de vie à ce principe.

Autrefois, et encore aujourd’hui dans les pays du sud, les paysan.ne.s se lèvent à l’aube pour travailler dehors, font une pause à 11h et reprennent en seconde moitié d’après-midi.

→ Hormis si je suis maraîcher.e, professionnel.le du bâtiment ou une personne ayant une activité amenant à travailler à l’extérieur, je dois réfléchir à ne pas m’exposer trop longtemps ni aux heures les plus chaudes de la journée.

Phase 5 : Réserver la crème solaire pour les autres moments

Pourquoi ? Parce que l’utilisation d’une crème solaire n’est pas la panacée. 

Il faudrait pouvoir en mettre la bonne quantité partout et toutes les deux heures

Premièrement, lorsque nous appliquons de la crème solaire, la quantité que nous répartissons sur notre corps ou notre visage est rarement disparate. Conséquence : nous croyons être protégé.e.s alors que ce n’est pas le cas partout. Et certaines zones trop peu recouvertes resteront trop exposées.

En sus, nous n’appliquons pas la quantité suffisante, et pour cause :

Les mesures d’indices de protection sont réalisées in-vivo à la suite d’une application de 2 milligrammes de produit fini par unité de surface (cm²) ce qui représente un film très épais rarement atteint par le consommateur. Dans ce cas de figure, il faudrait en théorie déposer 35 grammes de produit à chaque fois pour protéger une surface corporelle totale de 17500 cm².7

Il nous semble très problématique que le niveau de protection allégué ne soit, dans la pratique, pas réellement atteignable par le consommateur.

Les compositions des crèmes solaires nous posent problème

Les crèmes solaires reposent sur des composants et des textures très occlusifs

La peau ne respire plus et ses fluides, la sueur et le sébum, vont avoir du mal à sortir. Cela se traduit par un film hydrolipidique en très faible quantité et donc une protection naturelle très réduite. C’est pour cela que nous recommandons de se démaquiller soigneusement le soir après l’usage d’une crème solaire.

Les filtres organiques (pétroliers) ou minéraux (issus d’extraction minière) peuvent être problématiques

Le but d’une crème solaire est de protéger mais nous n’acceptons pas que cette protection se voit. Aussi nous créons des “solutions” qui génèrent d’autres problèmes..

En effet, sont utilisés : 

  • soit des filtres organiques issus de chimie de synthèse causant des dégâts sur le vivant aquatique (eau douce ou océans)8910 et pour certains avec des doutes11 quant à leur toxicité pour nos organismes ;
  • soit des filtres minéraux, c’est-à-dire du dioxyde de titane ou de l’oxyde de zinc en poudre. Les crèmes bio leur doivent l’effet blanc. Malheureusement beaucoup de fabricants utilisent des poudres broyées extrêmement fines afin que ces particules ne se voient pas. Leur taille les font alors entrer dans la catégorie des nanomatériaux. Si vous lisez la liste INCI des ingrédients de la crème solaire, vous verrez alors entre parenthèses “nano” (c’est une obligation de l’indiquer en Europe). Or les nanomatériaux12, de par leur taille (entre 10000 à 1 million de fois inférieur au millimètre), ont la capacité traverser nos tissus, de pénétrer dans le sang et d’être pour certains, catalyseurs de métaux lourds.
    Vous comprendrez pourquoi une crème solaire à “effet blanc” est la “meilleure” solution !

On pourrait nous opposer que ces produits sont pourtant évalués toxicologiquement. Mais, à l’instar de formulateurices réputé.e.s ou de toxicologues avec qui nous avons échangé, nous trouvons ces évaluations un peu trop laxistes et certains produits utilisés insuffisamment évalués.

Il est par contre regrettable que certaines molécules n’aient pas été réexaminées depuis plus de 15 ans afin d’apporter des renseignements toxicologiques récents pour assurer la sécurité d’emploi de ces molécules.

Gilberte Marti-Mestres, Conception des produits cosmétiques, éditions Lavoisier, 2015

En outre, et c’est le même problème qu’avec les crèmes en général, nous ne cautionnons pas des produits qui empêchent la peau de respirer et de travailler normalement. Les formules composées presque exclusivement de très nombreux ingrédients synthétiques ne devraient pas être mis aussi facilement sur la peau.

Que penser d’une utilisation massive de crème à l’échelle d’un pays ou de la planète ? Est-ce soutenable ? Ces centaines de millions de tubes et de pots en plastique avec des substances ne sont pas faites pour préserver le vivant terrestre ou aquatique. C’est une véritable gabegie pour des protections très imparfaites qui n’incitent pas à se protéger physiquement ni à adopter des pratiques plus saines.

Que choisir si je veux ou dois utiliser de la crème solaire ? 

→ Je choisis à minima une crème solaire bio, sans nanoparticules. Les compositions ne sont la plupart du temps qu’à 20 ou 30% bio, sont très occlusives mais les ingrédients nous semblent un peu moins problématiques que dans une formule conventionnelle.

Nous conseillons certains produits solaires de la marque suédoise Suntribe, dont les compositions nous paraissent les plus vertueuses :

Il y a peu d’ingrédients, ils sont végétaux (huile et beurres), comme dans une formule les inspyrées. Le filtre utilisé est l’oxyde de zinc sous forme non nano. L’effet blanc est garanti mais il existe une version stick teinté couleur chair qui se fait un peu plus oublier…

→ J’applique la crème solaire toutes les deux heures et recouvre entièrement chaque zone exposée au soleil.

→ Le soir, pour libérer la peau des résidus de crème solaire, du chlore et du sel, je dois me laver le corps au savon et/ou je dois démaquiller mon visage.

Nous appelons à un changement de comportement et de mentalité vis-à-vis du soleil

Depuis 50 ans, notre société nous pousse à adopter des pratiques de voyage et de loisir sportif qui sont une révolution pour nos organismes. Cela nous confronte à des latitudes ou des milieux (montagnards et marins) dans lesquels nos “écosystèmes peaux” ne sont pas préparés.

Notre écosystème peau comprend les propriétés intrinsèques à se protéger de notre derme et épiderme, mais également notre microbiote cutané. Pour une personne citadine à la peau blanche, il n’est pas aisé de partir du jour au lendemain sous des latitudes extrêmes ou de passer 6 heures dans l’eau de mer à faire du surf sans dommage.

À ce sujet, nous conseillons de lire le livre Le microbiote cutané, Alain Géloën et Alexandra Raillan, First éditions, Paris, 2020. Il regorge d’informations pour comprendre l’importance de notre film cutané et de nos 10000 milliards de bactéries y vivant.

L’industrie cosmétique a essayé de suivre ces changements de comportements avec notamment la formulation de crème solaire. Sauf que nous avons progressivement oublié que ce n’est qu’un succédané de protection !


Vous avez une question sur l’utilisation de nos routines ou sur les protections solaires ?
Laissez-nous un commentaire ci-dessous ou appelez Mathieu 🙂


Sources

  1. pp. 127-132, Dans ma peau, Yael Adler, Solar éditions, Paris, 2017 ↩︎
  2. pp. 134-135, Dans ma peau, Yael Adler, Solar éditions, Paris, 2017 ↩︎
  3. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers et https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancers-de-la-peau ↩︎
  4. pp. 44-45, Peau dites adieu aux soucis !, Sylvie Poulet et Emilie Hébert, Mango, Paris, 2020 ↩︎
  5. https://www.quechoisir.org/decryptage-protection-de-la-peau-quelle-est-la-bonne-dose-de-soleil-n86575/ ↩︎
  6. https://www.dna.fr/magazine-lifestyle/2024/02/16/pourquoi-il-faut-imperativement-proteger-sa-peau-du-soleil-a-la-montagne ↩︎
  7. pp. 255, chapitre Formulation et évaluation des produits solaires, Gilberte Marti-Mestres, Conception des produits cosmétiques, éditions Lavoisier, 2015 ↩︎
  8. Crèmes solaires, perturbateurs endocriniens, santé humaine et impact sur les récifs coralliens (Enquête de Green Cross) ↩︎
  9. Revue de presse : « Crèmes solaires, perturbateurs endocriniens, santé humaine et impact sur les récifs coralliens » (articles qui ont repris les publications de Green Cross) ↩︎
  10. Enquête de Surfrider ↩︎
  11. https://www.asef-asso.fr/production/la-creme-solaire-vous-veut-elle-du-bien-la-synthese-de-lasef/ ↩︎
  12. https://www.inrs.fr/risques/nanomateriaux/terminologie-definition.html ↩︎

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